Cours de psychologie

l’ergonomie nait au confluent de deux approches du travail

  1. L’approche hygiéniste du travail
  2. Approche productiviste du travail
  3. Première apparition du mot ergonomie
  4. Le terme ergonomie prend sa place
  5. Définition selon Murrel
  6. Première société nationale en ergonomie
  7. Lectures conseillées

Quand l’ergonomie nait au milieu du XXe siècle, on assiste à l’élaboration de connaissances structurées, méthodologique à partir de plusieurs disciplines. Ceci étant, l’application des connaissances scientifiques au problème du travail est beaucoup plus ancienne. Elle renvoie la création des premiers outils. En effet, les outils prennent forme en fonction de leur matière et des hommes qui les utilisent. Ils sont adaptés à l’utilisation, et aux effets recherchés (forces, précisions etc.)

Sans aller aussi loin, les premières mesures systématiques du travail ont été faites par des médecins et des ingénieurs organisateur du travail. Les médecins travaillaient dans le courant hygiéniste ; les ingénieurs dans le courant productiviste. Le cours sur la naissance de l’ergonomie couvre dans les articles suivants:

L’approche hygiéniste du travail

Il s’agit d’une approche très ancienne. Dès l’antiquité, on identifie les effets négatifs du travail sur l’homme. Durant l’empire romain, on met en évidence les coliques de plomb des ouvriers dans les mines de plomb et les déformations vertébrales chez les travailleurs de pierres. Au moyen âge, Armanda de Villeneuve s’intéresse aux conditions de travail et en particulier aux facteurs environnementaux (chaleur, humidité, poussière, toxiques). Ces travaux portent en particulier sur les dérivés, les forgerons, les teinturiers etc.

Au XVIIe siècle, on trouve les premiers écrits/travaux décrivant des maladies professionnelles avec identification des conditions de travail défavorisant. C’est la première mise en lien entre travail et maladie du travail. Ramazini, médecin italien (1633 — 1714) associe une observation du travail à une reconnaissance des pathologies dans plusieurs métiers. Il établit une première classification, et est à l’origine de la médecine du travail. Il identifie entre autres les troubles visuels chez les bijoutiers, et de façon plus générale dans le métier qui exige un de la précision au cours d’un travail sur de petits objets. Il met aussi en évidence les maladies sexuellement transmissibles chez accoucheuse, les éclatements de petits vaisseaux à la gorge chez les chanteurs, les coups de chaleur chez les mineurs.

Dans cette approche, les causes des maladies ne sont pas supprimées, mais Ramazini prescrit des protections individuelles. Par exemple, pour se protéger des poussières, il préconise le port d’un masque de vessies. Il effectue aussi des prescriptions en termes d’hygiène de vie. Par exemple, il conseille aux bijoutiers de lever la tête pour regarder au loin régulièrement, afin de reposer le système d’accommodation convergente (de se reposer les yeux).

Au XIXe siècle, Patissier, médecin de formation lui aussi, dépasse cela en préconisant non plus des protections individuelles mais des protections sur les machines (par exemple les carters sur les meules. Il développe des recherches techniques pour concevoir des machines permettant de remplacer les humains pour les travaux lourds et dangereux.

Villermé, médecin hygiéniste démographe, réalise une enquête importante sur les conditions de travail de la population ouvrière en France, au sein de différentes usines. Cette enquête tenue à une analyse statistique importante, à partir de laquelle il publie le rapport Villermé sur les conditions de vie et de travail ouvrier. Ce rapport fait un état des lieux de l’état physique et moral des ouvriers en France (et en Suisse) à partir d’observations ou d’entretien dans différentes usines de ce pays. L’enquête s’intéresse aux horaires, salaires, tâches, conditions de travail des ouvriers, mais aussi de leurs conditions de vie à travers leur alimentation, leur logement, leur mortalité par classes sociales et par métier. Ce rapport est à l’origine des premières mesures légales de limitation du temps de travail en France.

En 1841, on limite à huit heures par jour la durée maximum de travail pour les enfants de moins de 12 ans, et à 12 heures par jour celle des enfants de 12 à 16 ans. (Sachant que ceux-ci travaillent sept jours sur sept) ont interdit aussi l’embauche d’enfants de moins de huit ans. En 1948, la journée de travail est limitée à 12 heures pour tout le monde. À partir de 1874, l’âge minimum d’embauche devient doux en point ce n’est qu’en 1904 que le repos dominical est instauré.

Approche productiviste du travail

C’est une approche de mesures d’efficacité et de production du travail humain. Les organisateurs du travail effectué des observations dans une perspective d’amélioration du rendement de l’homme au travail. Il travaille à la conception des systèmes de production, compte tenu des capacités de l’homme. Il faut donc mesurer ses capacités.

Bélidor, ingénieur du XVIIIe siècle, s’attache à mesurer la charge physique du travailleur pour ne pas qu’il s’épuise (pour ne pas dire, ne pas qu’il meure). Il établit des préconisations des tâches à travers une meilleure organisation, pour améliorer le rendement. Ensuite, il s’attacha à mettre en place des dispositifs automatiques qui suppriment les postes particulièrement pénibles. Dans ce mouvement viendront les organisateurs du travail comme Taylor, qui vont analyser le travail en vue de définir les conditions de travail et de rendements les plus élevés, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. À partir de 1103, Taylor organise les principes de l’organisation scientifique du travail et les méthodes des temps et mouvements.

(Cf. texte)

Le texte étudié en travaux dirigés étudie une équipe pour maximiser le rendement d’ouvriers qui déplacent du poids. La diversité dans les poids portés est très forte. Taylor était alors parti du principe que tous les ouvriers, aussi expérimentés soient-ils, ne doivent pas avoir raison. Il mène donc une enquête scientifique d’observation systématique, chronométrée et quantitatives pour mettre en relation le nombre de pelletées et le poids des pelletées avec les charges déplacées au total à la fin de la journée. Il s’agit d’une expérimentation, puisqu’il fait varier la capacité de la pelletée pour tester son effet sur deux jeunes gaillards payés double. À partir de ces observations, on apprend aux ouvriers la bonne façon de faire, en décomposant leur activité en gestes élémentaires, analysés finement pour composer une procédure idéale. Il va prévoir le travail dans un bureau des préparations, plusieurs jours à l’avance. Les travailleurs ne devaient plus se servir de leurs propres pelles, mais de celle de l’entreprise, stockées en magasin. La conception est distincte de l’exécution.

Les principes de Taylor conduisent à trois remarques principales. À tout problème peut-être trouvé une solution optimale (principe de la « one best way »). Les éléments du travail sont finement analysés afin de rechercher pour chaque opération, la meilleure façon de procéder. Cette recherche de la solution optimale se fait par chronométrage des mouvements effectués par l’ouvrier. L’analyse des temps consiste à déterminer avec un chronomètre la moyenne des temps pour chaque élément du travail. À partir de là, on reconstitue le mode opératoire scientifique et on l’apprend aux ouvriers. Ces principes ont radicalement changé l’organisation du travail. Les ouvriers n’ont plus la maîtrise de leur travail, de leurs modes opératoires, de leurs outils : la conception relève uniquement des experts.

Après Taylor, Ford a introduit la ligne de montage (1910 – 1915), donnant naissance au travail à la chaîne, avec cette idée aussi d’éliminer les mouvements inutiles.
L’ergonomie est à la convergence de cette approche et de l’approche hygiéniste du travail. En 1947, d’après la définition de Murrel, c’est la complémentarité de ces deux approches qui identifie l’ergonomie.

De nos jours, la ‘lean production » basée sur un modèle japonais, tente d’enlever encore plus de temps inutile.

Première apparition du mot ergonomie

Étymologie : le terme « ergonomie » vient du grec Ergon (travail) et Nomos (loi) : c’est la science du travail.

Le mot ergonomie est apparu pour la première fois en 1857, dans un article d’un philosophe naturaliste Polonais intéressé entre autres par la minéralogie, la botanique, la zoologie, l’horticulture …et à l’ergonomie : la science du travail. Jastrzebowski Agosti emploie le mot ergonomie dans un article intitulé « esquisse de l’ergonomie ou science du travail fondé sur la vérité de la science de la nature », publiée dans la revue « nature et industrie ». Jastrzebowski est un précurseur : il prend en compte les différents dimensions de l’humain au travail. Il souhaite qu’il y ait une science du travail : l’ergonomie. Il parle du fait que cette science du travail doit être enseigné à l’école. (Cf. Laville).

Nous appelons ergonomie la science de travail ou de l’utilisation des forces à et des capacités humaines… La science du travail ne se limite pas au travail physique de labeur. L’ergonomie s’intéresse au travail total qui fait appel à la fois à nos facultés physiques, esthétique, rationnelles et morales. Elle s’applique donc au labeur mais aussi à l’activité récréative, à la pensée et l’esprit civique ».

L’ergonomie se définit comme la science de l’utilisation des forces des capacités humaines pour atteindre un objectif. La force est ici vu comme venant de la sensibilité, l’intelligence, force motrice et spirituelle.

Ce n’est que des années plus tard qu’est fondée la discipline en tant que telle.

Le terme ergonomie prend sa place

Presque un siècle après sa première apparition, le terme ergonomie est réinventé. Son sens est précisé. Murrel, ingénieur de formation, ré-introduit le mot ergonomie pour la première fois en Grande-Bretagne. On considère Murrel comme le père fondateur de l’ergonomie telle qu’on la conçoit actuellement.

Définition selon Murrel

Murrel synthétise dans sa définition des préoccupations anciennes que l’on retrouve dans les approches hygiénistes et productivistes du travail.

« L’ergonomie et l’étude scientifique des relations entre l’homme et son environnement de travail. Dans ce cas, le mont environnement est employé pour indiquer non seulement l’ambiance physique, mais aussi les outils et matériels, méthodes et organisations concernant l’individu et le groupe de travail. » Les aspects psychosociaux aussi sont concernés. Le but de l’ergonomie est de « rassembler les connaissances sur les activités professionnelles et humaines en vue de trouver des moyens de travail ».

Première société nationale en ergonomie

Murrel base l’ergonomie sur des connaissances issues d’un travail pluridisciplinaire avec Floyd (physiologiste) et Westford (psychologue). Il donne une reconnaissance de ces disciplines scientifiques en créant la première société nationale ergonomie en 1949 : l’Ergonomics Research Society (E. R. S.). Celle-ci devient par le suite l’ Ergonomics Society telle qu’on la connait de nos jours (E. S.). Cette société réunit tous ceux qui s’intéressent aux relations entre l’homme et son travail: des ingénieurs, physiologiste et psychologue.

D’autres sociétés l’ergonomie ont été créée depuis aux USA, en France etc.

Lectures conseillées

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