Alors que l’adulte et l’enfant ont été les sujets de la psychanalyse s’est rapidement, l’enfant n’a pas intéressé les foules pendant longtemps. Blos, Male, Ekestemberg, Laufer, Ladame se sont penchés sur les implications psychiques, psychanalytique de l’adolescent. Très contemporains et vulgarisés, les ouvrages de Jamet et Parrot sont faciles à lire.
Sur le plan clinique, l’expression des pathologies est très proche des cas limite, mais différents des personnalités limitent. Celles-ci peuvent apparaitre aussi, mais restent rares. Ces personnalités n’ont pas de réel surmoi, ni de réelle triangulation effectuée. L’adolescent présente des masques sous forme de symptômes, d’actes qui ressemblent à la problématique limite sans qu’il y ait forcément une structure limite. Elle traduisait l’immaturité psychique par exemple à travers des troubles alimentaires. L’adolescence est le moment à risque pour le déclenchement de la psychose, en particulier de la schizophrénie entre 17 et 20 ans. Mais pour beaucoup, il s’agit d’un simple passage à vide temporaire, plus que d’adolescents névrotiques, de passage à l’acte factuel, de décompensations ont psychose ou d’organisations limitent. Cela dit il existe un risque réel au niveau des comportements qui peuvent s’avérer dangereux.
L’adolescent est en pleine croissance somatique, physiologique, hormonal etc.. Il connait aussi de nombreuses modifications corporelles et évoluent sur le plan social : il passe du statut de l’enfance à un statut adulte mais il n’est ni l’un ni l’autre. En ce sens qu’il a des droits et devoirs, sert de référence aux adultes dans une société infantilisante, et connait une autonomie et une indépendance partielle. En d’autres termes, il est dans un flou socio-identitaire.
C’est aussi le moment de la recrudescence oedipienne, plus tendu et menaçant car les désirs et fantasmes sont en théorie réalisable. La relation à l’autre devient ambigüe et dangereuse. Même lorsqu’il n’y a rien d’incestueux, il y a de l’incestuel. Ainsi, un père qui emmènerait et sa fille au restaurant chaque samedi soir, malgré une relation saine, attirerait un regard ambigu extérieur.
C’est aussi le moment de la quête identitaire. Les assises narcissiques de l’enfance sont soumises à des doutes des questionnements qui conduisent adapter des identités d’emprunt. L’adolescent va côtoyer des gens différents, avoir des passions passagères, s’intégrer dans des groupes et rechercher la ressemblance au sein du groupe à travers un vocabulaire, des modes vestimentaires, des gouts similaires. L’identité est à ces périodes plus collectives qu’individuelles. On parle de faux self, de self de surface. C’est le complexe du homard qui n’a pas sa carapace.
L’adolescence n’est pas une maladie. Elle fait peur aux parents, aux profs etc. très peu de jeunes adolescents, 10 % ont une réelle souffrance psychique. C’est une période difficile mais féconde qui permet de se connaitre mieux, de découvrir ses gouts, ses idéaux, ses rêves. La crise est un terme péjoratif. Si on se donne un peu de mal, une fois les lieux communs écartés, il reste une personne normale. L’adolescence n’a rien à voir avec la crise de la quarantaine, qui constitue une prise de conscience. La crise de la quarantaine est une période difficile sur le plan du constat en particulier ; on se rend compte qu’on a parcouru la moitié le chemin, et on a besoin de faire le deuil de tout ce que l’on a pas fait. C’est aussi le monde perd ses parents.
Contrairement à la crise de la quarantaine, l’adolescence est un processus psychique plus qu’une crise. Il s’agit d’un travail, dans processus au même titre que le deuil. On ne le choisit pas, et si le deuil vient d’une réalité externe, l’adolescence provient d’une réalité intérieure, qui pousse à un travail psychique de quête identitaire, de quête d’autonomie, à travers lesquels on dépasse le les conflits de nature oedipienne et on passe d’une logique du moment présent à une logique historique. On relie le passé au présent et on peut s’imaginer le futur.
L’enfant nous parait au début de l’adolescence trop loin de se combler. On regrette cet enfant parfait et en même temps on juge ce qu’on était sans la naïveté du moment. On prend conscience des erreurs dans l’idéalisation de l’enfance. Le passé n’est plus une source sure et le futur n’existe pas : on désirait être adulte tout en étant déçu par le monde adulte ou la société en général. On est pris entre l’envie de grandir et le refus de ce que cela implique.
En plus, l’on est particulièrement vulnérable à la frustration. L’adulte a une vision négative de l’adolescent, mais même s’il a l’air inactif, il est au travail psychique.
La folie pubertaire
Les hormones en folie créaient une vivacité, à l’adolescence le pulsionnel a le dessus. On parle de folie liée à la puberté et prenant différent visages tel que des positions dépressives ou maniaques. La croissance physique et souvent accompagnée d’un retrait au niveau de l’hygiène et de l’activité, alors qu’au contraire les élans maniaques conduits à vouloir faire tout à la fois, montrer un appétit pour beaucoup de choses. Ces alternances sont très intériorisées et tiennent à peu de choses.
Il peut s’agir d’un sourire du voisin ou d’un mot prononcé au moment. De même, l’adolescent alterne entre idéalisation et dévalorisation de soi et des autres. Les investissements narcissiques sont différents du mois selon le moment mais cela vaut aussi pour les autres (parents, copine etc.). Il s’agit d’un passage difficile à vivre qui génère de l’angoisse, de la culpabilité et du conflit.
Cadre de prise en charge psychanalytique
L’adolescent qui souffrait aussi un adolescent classique avant tout. Par exemple la phobie vient s’ajouter au processus d’adolescence. On est adolescent avant d’être pathologique. Ce cadre thérapeutique différent de celui de l’enfant mais aussi de celui de l’adulte. Le psychodrame peut être utilisé mais avec des pincettes. Le divorce que de l’adulte peut poser des problèmes notamment par le fait de ne pas voir l’autre, ce qui est source d’angoisse, a fortiori lors de l’adolescence. Au niveau du transfert, c’est difficile de garder de l’énergie à investir sur un nouveau venu, et des pulsions agressives s’expriment régulièrement. L’adolescent redoute plus que tout la dépendance, indépendance. Les associations à travers les rêves sont fortes. Cette violence peut se dire psychologue : celui-ci n’est pas plus qu’il faut la fête dans la relation thérapeutique, de ce fait le psychologue n’en souffre pas de la même façon que l’entourage, et l’adolescent peut retrouver la confiance qu’il a connu la première fois en découvrant l’ambivalence.
La bonne attitude, c’est trouvé la bonne distance à l’adolescent : ne pas dramatiser mais ne pas banaliser. Il faut communiquer à l’adolescent on s’intéresse à lui sans le flicquer. Comme pour l’enfant, on ne raconte pas aux parents ce qui se dit en séance. Par contre, si l’on observe des comportements à risque en séance, tels que des scarifications, on ne peut pas laisser passer et l’on est obligé d’avertir les parents. Dans ce contexte, le cadre doit être posé d’abord puis il faut le gérer. Il faut qu’il soit clair entre l’adolescent et le psychanalyste que ce qui se dit en séance est entre mais que, si l’analyste s’inquiète trop il est de son devoir d’avertir quelqu’un. Ceci représente souvent une difficulté et peut conduire un adolescent à arrêter son traitement. C’est une chose qu’il faut savoir accepter. Il faut accepter d’aller au conflit avec l’adolescent, d’opposer des règles quitte à ce qu’il se barre.