- Introduction
- Quelques actes théoriques – approche néo freudienne
- La rencontre avec l’enfant
- Spécificité de la consultation avec l’enfant.
- L’enfant n’est pas un adulte miniature
- L’entourage de l’enfant doit être pris en compte dans sa prise en charge
- Le symptôme reflète une angoisse qu’il faut traiter dans son contexte
- Le symptôme procure des bénéfices secondaires à l’enfant
- L’enfant est mal placé pour parler des conséquences et amplitude des symptômes, mais le mieux placé pour les expliquer
- Lectures conseillées
- Spécificité de la consultation avec l’enfant.
Introduction
L’enfant est un individu en changement, il faut garder à l’esprit qu’il est en pleine maturation tant sur le plan psychologique que physique et physiologique. L’adulte aussi évolue, mais de façon bien moindre. Les changements sont les plus visibles dans les premières années. Le psychologue doit s’adapter aux changements chez l’enfant, en même temps que lui et être prêt à se remettre en question régulièrement, la situation de l’enfant se rejouant chaque semaine.
Le CM aborde le soin psychique d’orientation psychanalytique. Ceci présuppose des connaissances concernant les techniques psychanalytiques freudiennes, telles que chez l’adulte le rôle de la verbalisation, ce qui n’est pas toujours possible avec l’enfant. Sa capacité d’élaboration limitée demande une adaptation de la technique analytique. Une des premières à proposer une adaptation est Mélanie Klein. D’une méthode basée sur le langage, elle introduit d’autres moyens d’expression tels que le jeu ou le dessin, voire le psychodrame. La nature du travail psychique reste cependant la même, il s’agit d’une expression symbolique de conflits et de problématiques.
Quelques actes théoriques – approche néo freudienne
Freud, 1866-1939, est le premier à s’être penché sur l’importance du vécu infantile dans le développement de la personnalité. Pour lui, l’enfant a une vie sexuelle, il a statué les stades du développement libidinal qu’y s’y référaient, abordant le développement dans son aspect psychoaffectif. Il a aussi parlé de l’oedipe, pour ne citer que quelques notions à revoir en vrac.
L’enfant fait d’abord preuve d’un narcissisme primaire, il vit dans sa bulle, indifférencié de ce qui l’entoure, il devient par la suite sujet entouré d’objets, l’autre commence à exister dans une relation fusionnelle à la mère (ou la figure maternelle en tout cas), dans une figure dyadique ou duelle (c’est moi ou l’autre). La relation triadique suit, il s’agit de relations duelles avec plusieurs personnes par exemple papa et maman, mais l’enfant ne conçoit pas que des relations puissent exister en dehors de lui. C’est ce qu’il découvre lors de la triangulation : non seulement les parents avaient une relation ensemble qui ne passe pas par lui, mais en plus elle lui préexistait et sans elle, il ne serait pas là. Les rapports généalogiques sont compris, l’interdit de l’inceste est intériorisé etc.
Quand l’enfant vient au monde, il crie (nous ne considèrent que le cas ou le cordon ombilical est coupé immédiatement). Ce cri résulte purement d’actions physiologiques : défroissement des poumons, expulsion de l’eau et inspiration d’air suite au passage d’un milieu aquatique à un milieu aérien. Ce cri est interprété par les parents qui lui accordent un sens primaire (il a faim, soif, peur, mal, etc.) Le cri de l’enfant est donc pris dans la symbolisation des parents. Ce qui est une bonne chose puisque le cri va servir à l’enfant à signifier qu’il a faim par la suite. A ce cri, répond rapidement un premier allaitement.
Jusque là, l’enfant était nourri par le cordon ombilical pour satisfaire son besoin de nourriture et suçotait dans le vide (ou sur ses membres) pour lui procurer du plaisir. Lors de ce premier allaitement, pour la première fois de sa vie, l’assouvissement d’un besoin vital est doublé de l’obtention d’un plaisir. C’est la rencontre de la pulsion d’autoconservation et de la pulsion libidinale de plaisir. Cette première expérience devient un moment parfait dont tous les autres ne sont que des répétitions ratées. Cette première expérience est en ce sens un moment merveilleux, parfait en tant qu’il n’ait aucun point de comparaison, mais aussi une perte, puisqu’il ne sera jamais plus répété.
Il en découle l’apprentissage du manque et de la frustration. L’enfant va dormir après cette première expérience, et en se réveillant plusieurs heures plus tard, il va avoir faim. Il se met donc à pleurer, et active la trace mnésique laissée par l’expérience précédente, ce qui crée une attente. Le besoin est senti, exprimé puis satisfait dans avec un certain délais.
Durant ce temps, bébé réélabore, réinvesti les traces mnésiques laissées par la première expérience et peut halluciner le goût et la satisfaction liés à sa mémoire, ce qui lui permet de temporiser. Il apprend par la même occasion que l’hallucination ne suffit pas à calmer sa faim et s’aperçoit ainsi petit à petit qu’il n’est pas tout puissant. Il a besoin de la réalité, du monde extérieur et devient peu à peu attentif aux bruits, et commence à percevoir des signes d’une préparation de l’objet de son désir.
Les troubles alimentaires peuvent venir de là : les pulsions d’autoconservation et pulsions de plaisir ne sont plus en équilibre et conduisent à des comportements autres que ceux nécessaires strictement à la survie.
Bébé est ainsi confronté à l’opposition entre principe de plaisir et principe de réalité, et apprend à la gérer.
La rencontre avec l’enfant
Il est important de pouvoir voir l’enfant seul très rapidement car si on reçoit les parents, on peut être perverti par le discours qu’il tiennent et avoir du mal à décoller de la demande parentale en voyant l’enfant après. Le patient est l’enfant et les parents, il faut s’en débrouiller. C’est mieux aussi de détendre l’enfant car la problématique de celui-ci est plus difficilement exprimée. Ce dernier n’a rien demandé, il peut avoir peur (par exemple, le signifiant hôpital s’il est reçu en hôpital peut conduire à ce genre de sentiments).
De plus, la demande parentale peut être ambiguë : d’un côté, ils téléphonent dix fois pour avancer le rendez vous dans une urgence subjective, et de l‘autre amènent un enfant qui n’est pas du tout préparé, ne sait pas pourquoi il est là, pour qui la situation n’a pas été dédramatisée. Certains cas présentent ce genre d’ambivalence, il faut donc être prêt à détendre l’enfant et lui expliquer la situation.
Voir l’enfant seul à seul est cependant possible uniquement lorsque celui-ci est développé à un certain point, on le considère possible à partir du moment ou ce dernier marche correctement c’est-à-dire environ deux ans. Si les parents doivent être présents, on s’adressera quand même en priorité à l’enfant. Il faut bien garder à l’esprit aussi que l’on travaille avec les parents, pas contre eux, mai de façon centrée sur l’enfant. Le lieu de la consultation a pour spécificité de se focaliser sur l’enfant.
Il faut aussi garder à l’esprit qu’un enfant avec plein de symptômes, cela peut être plutôt sain : il y a une différence entre être normalement pathologique, ou pathologiquement normal. Certains symptômes sont âge dépendants et devraient être présent au cours du développement, par exemple, sans le cas de la venue d’un nouvel enfant dans la famille un petit de deux ans à tout intérêt à faire une crise, car l’angoisse non exprimée s’il se tient bien risque de ressurgir des années plus tard de façon plus grave, et seulement après avoir causé des dommages importants de façon silencieuse chez l’enfant. Le fantasme est toujours pire que la réalité. Un enfant n’exprimant pas ses angoisses normales ne va pas bien du tout, contrairement à celui qui a les moyens de réagir.
Spécificité de la consultation avec l’enfant.
L’enfant n’est pas un adulte miniature
L’enfant n’est pas un adulte immature. Il existe un seuil épistémologique et le point de vue adultomorphique est à proscrire. On ne peut pas se baser sur l’adulte pour comprendre l’enfant. Par exemple, l’obsession chez l’enfant n’a rien à voir avec l’adulte obsessionnel, les deux cas ayant une expression, une signification et des conséquences très différentes. En fin de période de latence en particulier, l’obsession fait partie des phases d’apprentissage de nouveaux processus psychiques.
L’entourage de l’enfant doit être pris en compte dans sa prise en charge
Winnicott affirme qu’il n’existe pas d’enfant tout seul : ce dernier est toujours entouré de soin, qu’il soit fourni par la famille naturelle, d’accueil ou une institution. La consultation d’enfants doit donc prendre en compte son entourage, contrairement au cas d’un adulte qui peut, lui, rompre avec l’environnement. L’enfant n’est donc pas isolé, et est pris dans des relations sociales, que ce soit de gré ou de force (sauf cas exceptionnel).
Le symptôme reflète une angoisse qu’il faut traiter dans son contexte
L’ensemble de la vie psychologique de l’enfant doit être prise en compte, et il faut éviter une perspective déficitaire, ne pas se focaliser sur le symptôme. Celui-ci vient donner forme à une angoisse : il faut appréhender la situation clinique dans son ensemble, considérer les ressources que l’enfant a à sa disposition. Il est primordial de ne pas poser d’étiquette à l’enfant, qui ne saurait au contraire d’un adulte s’en défaire ou attirer l’attention sur un autre aspect du problème. Par exemple, l’hyperactivité est un diagnostic facile, mais l’enfant peut se sentir prescrit à la parole, alors que le problème profond peut venir de tout autre chose (voir le cas étudié en L2) par exemple, une mère trop envahissante qui l’empêche de s’individualiser.
Le symptôme procure des bénéfices secondaires à l’enfant
On considère le symptôme comme la gestion d’une angoisse, issu de conflits psychiques, messages voulant être exprimés. Prendre en compte la nécessité du symptôme dans le développement (éventuellement), c’est prendre en considération les bénéfices secondaires qu’il procure. Le symptôme renvoie souvent à une demande. Chez l’enfant, celle-ci émane rarement de lui-même, l’enfant ne sait pas qu’il va mal, ni quelle est sa demande. La demande du psychologue est souvent faite par l’entourage, les parents ou une institution (avec plus ou moins d’assentiment de la part des parents dans ce cas). L’enfant, lui, ne demande rien. Il faut alors évaluer l’intérêt pour l’enfant de la thérapie. Il faut parfois orienter le problème sur la souffrance des parents, selon ce à quoi répond le symptôme chez l’enfant.
L’enfant est mal placé pour parler des conséquences et amplitude des symptômes, mais le mieux placé pour les expliquer
L’enfant est le mieux placé pour parler de ses propres soucis, émotions, inquiétudes etc. En terme d’évaluation du comportement ou du symptôme par contre, il est le moins bien placé, en tant qu’il minimise son comportement (par exemple, s’il mange trop peu, l’enfant dira mais j’ai bien mangé quand même, aujourd’hui, quand tout ce qu’il aura avalé sont deux olives.) et les conséquences négatives ou positives de celui-ci. Cela vaut aussi pour son niveau d’agressivité. Il peut par contre expliquer un peu ce qu’il fait, ce qui l’y pousse. Face à l’adolescent ou l’adulte, l’information peut venir directement d’eux, pour l’enfant il faudra vérifier les faits auprès d’adultes, dans une certaine mesure.
Lectures conseillées
Si le sujet vous intéresse, Winnicott décrit très bien sa pensée dans le livre de la pédiatrie à la psychanalyse. Vous pouvez l’acheter en ligne ou utiliser le lien pour trouver la référence et l’emprunter à la bibliothèque universitaire! La consultation thérapeutique de l’enfant vous permettra d’aller plus loin dans le sujet si cela vous intéresse professionnellement. Sinon, l’analyse des travaux de Dolto et Winnicott Le bébé dans la psychanalyse ouvre de plus larges horizons.