La psychologie des foules de Gustave Lebon
Gustave Lebon est un des précurseurs de la psychologie sociale. A la fin du 19eme siècle (1870-1900), dans un contexte d’insurrection populaire, commune de paris, guerre prussienne, la psychologie des foules pose l’interrogation sur ces grands rassemblements sur l’activité collective. On lui reconnait aujourd’hui son mérite d’avoir réfuté trois arguments sur les foules.
Le premier argument était qu’elles sont asociales, composées de personnes asociales. Le second était que les foules sont folles, délirantes, exprimant la haine plus que la passion. La troisième idée qu’il a réfuté est celle que les foules sont criminelles: elles incarnent une violence sans raison apparente, ce qui fait son mystère.
En réalité, la foule est surtout caractérisée par la fusion de individus dans la pensée commune, au point que cela abaisse leur esprit critique et leur individualité. Pour Lebon, les états collectif que vit une foule seraient similaires à un état hypnotique, théorie sur laquelle reviendra Freud. Tout individu incorporé à un groupe, quel que soit sa taille, subirait une transformation psychique analogue à l’hypnose.
La pensée Freudienne et la foule
La pensée freudienne a une importance dans l’analyse des liens affectifs dans les groupes. La Freud y consacre un lire intitulé « Psychologie de masses et l’analyse du moi » (1921), dans lequel il commence par rendre hommage aux thèses de Lebon sur la foule. Il propose ensuite une interprétation qui introduit une problématique intrapsychique. Il redonne une place à l’individu et son travail psychique.
Comment une masse peut elle influencer l’individu à ce point? En quoi consiste cette transformation psychique de l’individu?
Freud fait référence à sa notion de libido: elle a ici pour noyau un amour sexuel recouvrant une grande variété de formes. Le lien groupal est par nature libidinal. Un groupe se constitue comme tel à partir d’un double processus d’identification. L’identification au chef, qui est mis à la place de l’idéal du moi des participants dans le groupe, et l’identification entre participants du groupe. Les tensions, rivalités, conflits entre membres se transforment en rapports de solidarité. Le lien groupal est toujours médiatisé par un élément tiers (le chef), mais aussi, toutes les croyance collectives, partagées par les membres du groupe.
Freud prend deux exemples de foules institutionnalisées: l’armée, et l’église. Dans ces deux types, chaque individu est rattaché par des liens libidinaux au chef et à tous les autres membres du groupe.
Ces liens sont toujours menacés par la découverte de l’absence de réciprocité de l’estime entre chef et membres n’est pas toujours réciproque. Le groupe se construit autour de l’illusion groupale (Anzieux) nécessaire, que chacun aime son leader, et que celui ci aime en retour tout le monde de la même manière, donnant l’illusion que tout le monde est lié par le partage de cet amour. Elle a orienté de nouvelles interprétations des fonctionnements fantasmatiques et identitaires que remplit un leader. Le leader est celui qui amène à être/faire ce que l’on ne pourrait pas réaliser sans lui. Celui ci, mieux que les autres, représente les autres, leur peurs et angoisses, mais aussi convictions et espoirs… etc.