- La communication
La communication
3 approche psychosociale des processus de communication
31 définitions de la communication en psychologie sociale
Jean Ives Martin et Anzieux
Dans le communication entent en contact non pas une boite noire émettrice et une boite noire réceptrice (représentant les deux interactants) mais un locuteur et un allocuté, ou plus généralement, deux ou plusieurs personnalités, engagées dans une situation commune et qui se débattent avec des significations.
Les facteurs de personnalité renvoient aux motivations, caractéristiques personnelles prenant en compte leur état émotionnel, culturel, leur système de valeur, le cadre de référence, devant beaucoup à leur histoire personnelle. Par exemple, dans une situation d’écoute professionnelle (info sida), l’histoire personnelle tant des écoutants que des appelants joue un grand role. On peut imaginer que le choix de devenir écoutant est lié à l’histoire personnelle qui a rendu l’écoutant sensible au problème du sida. L’écoute va varier en fonction de l’histoire et de la façon de l’interpréter, d’y réagir de l’écoutant.
Les facteurs se trouvent dans un débat de signification : communiquer, c’est aussi construire ensemble des significations qui n’étaient pas forcément données au départ. Comment se construisent elles au-delà de l’information transmise ? il ne s’agit pas d’un simple transfert de l’information : on retient l’idée que le sens ne se transporte pas avec le message, mais est toujours le résultat d’une élaboration active de la part du récepteur comme de l’émetteur. Ils donnent tous deux du sens au code par l’activation de deux processus : le filtrage de l’information qui consiste en une sélection et transformation du message. Celui-ci est fonction de objet du message, de l’interlocuteur, des stéréotypes etc. L’autre processus est l’association libre, encore appelé effet de Halo dans le sens où ce que l’on entend résonne au point parfois de transformer le message à travers ces résonances. Cela consiste à relier ce dont on parle, ou ce que l’on entend avec des éléments de son expérience personnelle, à des éléments qui ont des résonances affectives qui peuvent être extrêmement fortes. Ceci attribue une signification différente au rôle d’écoutant.
Une situation sociale
On a parlé de situation sociale, de situation commune, qu’entend ion par là ? Elle motive, rend possible et parfois sanctionne la communication. Elle définit les positions des communicants dans cette situation là (statuts et rôles) de ceux qui communiquent, les enjeux de la communication c’est-à-dire les risques et les bénéfices attendus de cette communication.
Rencontrer un prof à la fac ou à un match de foot n’implique pas les mêmes rôles et ne porte pas les mêmes enjeux, qui sont inégaux pour les uns et les autres, contrairement à une vision stéréotypée, démagogique de la communication où chacun aurait une place égale. Il y a pour cette raison une nécessité de poser un contrat de communication, des règles de jeu pour éviter de courir trop de risques. La communication est parfois violente au lieu de spontanée, authentique, directe, immédiate.
La situation sociale va au-delà du référent et du contexte dans lequel la communication prend place, le lieu et le moment où elle se produit. Les paramètres physiques sont aussi porteurs de dimensions sociales qui vont jouer de tout leur poids sur la situation de communication.
Prenons l’exemple d’un entretient de recherche. Durant cet entretient, les deux interactants occupent la place de l’interviewer et de l’interviewé. La situation sociale de cet entretient est donc constituée par les caractéristiques sociales et professionnelles des individus mobilisés, comme le sexe, l’age, l’origine culturelle etc. trop de différences peuvent gêner, freiner voire empêcher l’entretient, car les deux individus vivrent dans des mondes trop différents, ou ont des rapports de pouvoir trop importants.
Il existe un certain nombre d’informations pour éclairer l’interviewé sur ce qu’il doit attendre etc. Faute de savoir quoi dire, la conversation aura tendance à porter sur son travail, ou autre sujet banal qui n’apporte rien à l’intervieweur.
Par situation sociale, on entend l’ensemble des conditions sociales qui donnent un sens à cette communication si on ne veut pas qu’elle se réduise à un échange quasi naturel entre deux individus. La communication à distance et l’idéologie Internet, au contraire, se base sur l’idée qu’il n’existe aucune barrière entre les individus.
Le statut
On entend par statut tout positionnement social que l’individu occupe dans un système particulièrement, social, politique et économique à un moment donné. Le statut à une dimension évaluative et hiérarchique dans le sens où tout positionnement ou caractéristique permettant de préciser la condition ou le rang d’un individu parmi d’autres possibles dans une société donnée. Les statuts définissent les catégories sociales par rapport auxquelles il est possible de définir mais aussi de classifier les individus. Le statut peut être haut ou bas, élevé ou inférieur etc. il définit donc un rang dans une échelle sociale de prestige et de pouvoir.
Le statut a aussi un rôle prescriptif ou institutionnel car il renvoie à l’ensemble des attributs liés à la position d’un individu dans ce système et certains comportements auxquels sont détenteur peut légitimement s’attendre de la part des autres. Cela renvoie à des normes de comportement définissant l’interaction. Le cadre légal du statut permet d’attribuer à chaque position (statut) des droits, des devoirs, des obligations, qui peuvent évoluer. Cette dimension prescriptive correspond à des normes de comportement définissant ce que doit faire le détenteur de ce statut, mais aussi ce que doivent faire ou non les autres à son égard.
Cela rejoint la notion de rôle prescrit, c’est-à-dire l’ensemble des conduites normales requises d’un sujet lorsqu’il possède tel statut social. (Maisonneuve 1973). Le modèle organisé de la conduite relatif à une certaine position dans un ensemble intégrationnel (Rocheblaie Sperté)
Dimensions du rôle
Le rôle est la dimension dynamique du statut. Le mot vient de rotulus, un rouleau qui servait aux acteurs en leur donnant leur texte. Il s’agit de la référence à ce qui est attendu d’un individu, tant par son comportement qu par ses actions, quand on occupe une position sociale, un statut. On distingue cependant trois types de rôles.
Le rôle prescrit se définit au niveau institutionnel. Il s’agit d’un système d’attentes existant dans le milieu social, décrivant idéalement ce que doit faire la personne, cette description étant faite non seulement par celle personne elle même, mais aussi par les membres du groupe. cette description est donc largement consensuelle, communément admise. Mais au delà du statut, l’individu s’approprie le rôle qu’il incarne. c’est là qu’intervient le second aspect du rôle.
Le rôle subjectif se traduit au niveau individuel la personnalité de celui qui assume le rôle afférent aux différentes positions qu’il occupe de façon plus ou moins fidèle par rapport aux modèles en vigueur dans la société ou dans le groupe local concerné. Cela conduit à des innovations dues au détenteur du rôle, qui peuvent prendre la forme d’ajouts, de retraits de comportements, au point parfois de surprendre par exemple, toujours dans le cas du service d’information sur le sida, les appelants.
Le rôle en acte lui correspond quant à lui aux conduites manifestes propres au tenant d’une position et renvoie à sa part d’autonomie par rapport aux rôles qui lui sont prescrits. Ceci prend place au niveau comportemental et interactionnel. Il traduit l’aspect fonctionnel sur celui pragmatique du rôle car il se définit dans une situation d’interaction. Le rôle est assuré ou non en fonction des prescriptions, et à noter qu’il peut aussi varier de la perception que la personne a de son propre rôle. On voit là l’aspect théâtral et imaginaire: jouer un rôle, se prendre pour son personnage, porter un masque social qui sert à dissimuler sa personnalité…
Quelle est la fonction des statuts et rôles dans la communication?
Dans le service d’écoute, la personne qui travaille par la biais du téléphone interagit avec une personne préoccupée par ou malade du sida. Cette interaction met aux prises deux statuts différents: appelant et écoutant. L’écoutant permet à l’appelant d’identifier, sans connaître une personne au bout du fil et ce, 24/24. ces différences de statut posent un cadre de référence pour les appelants mai aussi pour les écoutants qui savent ce que le service dans lequel ils travaillent attend d’eux. Tout statut est par nature relationnel, il se caractérise pour la personne qui l’exerce par un ensemble de droits (formation, rémunération, etc.) et de devoirs (confidentialité, anonymat, soutient). Les statuts et rôles assurent des fonctions au niveau individuel mais aussi social. En jouant les différents rôles qui nous sont confiés, on intériorise des normes, des valeurs, des cadres de référence, des systèmes de conduite. Au delà d’une simple imprégnation, cette intériorisation désigne aussi les milieux d’évolution et d’influence auxquels on va être exposés. la réaction au statut et rôle social confié est construit selon la personnalité de l’individu, chaque rôle est un modèle d’apprentissage social avec un versant de socialisation d’intériorisation, de personnalisation (par rapport à un être passif qui absorberait tout) par appropriation, intégration des rôles et fonctions d’autres milieux, d’autres rôles qui sont parfois contradictoires. « On joue nos rôles de façon à montrer que nous ne sommes pas réductibles au rôle qu’on veut nous faire jouer ». On participe aussi à leur évolution, transformation, ce qui constitue le versant actif, la part active de l’individu dans le rôle, sa définition, sa pratique. Il existe un décalage, une contradiction entre le rôle prescrit et le rôle en actes. Par exemple les rôles professionnels viennent souvent en contradiction avec d’autres rôles (parental, familial, associatif etc.)
Ils agissent au niveau interactionnel et social car ils permettent de réguler l’interaction entre les interlocuteurs. Ce rôle de régulation se fait par l’information des interlocuteurs sur la nature de leurs rapports sociaux. Les rôles sont complémentaires, si un rôle met en relation à d’autres, les attentes concernant celui ci sont plus ou moins partagées. Ils nécessitent parfois un ajustement, et requièrent donc une capacité à métacommuniquer, savoir faire évoluer la situation de communication.
Dans notre exemple, l’écoutant doit très rapidement savoir analyser la demande de l’appelant, situation dans laquelle les attentes concernant les deux rôles jouent beaucoup. il existe une sorte d’anticipation des conduites que font les deux parties, en fonction de ce qu’ils savent être leur position et celle de l’autre dans le contexte qui les réunit. Celle ci est importante car elle détermine ce que les interlocuteurs ont à faire ensemble dans la situation. Ces connaissances peuvent gêner ou faciliter l’échange, selon leur partage.
Un appelant qui est tombé sur quelqu’un de très empathique la première fois, et qui se retrouve avec un écoutant centré sur le fait de fournir des informations se trouvera surpris, car il s’attendrai à autre chose; traiter en fonction des règles de l’écoute posées peut faire échouer la communication.
32 contrat de communication et dynamique interlocutoire
La communication n’est pas désocialisée comme veut le laisser croire l’Internet, il ne fait pas en faire une arme idéologique (c’est le prof qui parle).
1 les enjeux de la communication.
Chaque communication vient avec des risques et bénéfices attendus. La communication consiste à rentrer dans un rapport de places qui va structurer la communication. Il faut d’abord obtenir le droit à la parole. il s’agit d’une affaire de pouvoir, il ne suffit pas d’inviter quelqu’un sur un plateau télé pour lui faire une fleur; il ne suffit pas de faire parler quelqu’un pour qu’il parle :p le contrat de communication est l’analyse des bénéfices escomptés et des risques.
Pourquoi les deux individus s’investissent ils dans cette communication, qu’en attendent ils? Sans doute, ces risques et bénéfices sont inégaux pour l’un et pour l’autre. Il y a le risque de perdre la face qui s’oppose à la quête de reconnaissance sociale, par exemple. les rituels de communication sont là pour limiter les risques (faire bonne figure). L’enjeu de la communication peut être d’être validé dans son besoin de reconnaissance, de considération, de valorisation, d’intégration, d’individuation etc. Il existe deux stratégies par rapport à ces risques: certains se mettent en avant, prennent beaucoup de risques pour tenter de briller, alors que d’autres restent plutôt en retrait pour se fondre dans la masse, le groupe. dans toute communication, on est exposé au risque de e faire influencer par l’autre, en particulier quand ce groupe est majoritaire, mais aussi la possibilité d’exercer un certain pouvoir sur l’autre. Le risque peut être affectif, peut de ne pas être aimé par rapport à la construction d’affinités et de valorisation mutuelle. Lorsque ces deux moyens sont utilisés ensemble, on peut se retrouver face à une communication violente de type harcèlement (au travail). Risque de dialogue des sourds, de monologue croisé contrebalance la motivation de coconstruire avec autrui une référence commune, même minimale, qui permet la communication.
L’existence de ces enjeux montre que la communication est un acte souvent violent qui impose le droit à la parole. Les interlocuteurs on besoin de repères: les enjeux, le cadre de cette communication. L’incertitude trop grande cause un réserve des individus, l’inhibition augmente lorsqu’il n’y a pas de repères clairs, et le contrat de communication est là pour remplir cette fonction.
Rodolphe Ghiglione définit le contrat de communication comme l’ensemble des savoirs partagés par l’interlocuteur sur les enjeux et objectifs de leur dialogue. L’ensemble de ces savoirs suppose qu’on clarifie (par opposition au caractère implicite, flou possible au départ) quatre points importants.
- La finalité des échanges (Quel est le but de cette conversation ?)
- L’identité des partenaires (Qui parle à qui ?)
- Le propos (Parler de quoi ?)
- Le dispositif (Parler dans quel cadre ? Quelles sont les règles du jeu ?)
Toute ambiguïté au niveau du contrat de communication liant un interviewer et un interviewé va se retrouver dans le matériau, le discours enregistré (par le chercheur ou l’intervieweur). Pour que ce cadre soit posé, ses enjeux doivent être un minimum maîtrisé par les deux partenaires. Dans le cadre d’une recherche par exemple, il est important de savoir quel en est l’objet, qui la mène, pourquoi on choisit cette personne en particulier comme sujet, qu’attend on d’elle ? Sinon, elle va mettre en avant ce qu’il maîtrise le mieux (travail, petits enfants, etc.)
Par exemple on pourra présenter une recherche de cette façon : Il s’agit d’une recherche menée dans le cadre de telle organisation, pour telles raisons, et par le canal de tel et tel intermédiaire que je prend contact avec vous, pour solliciter un entretient d’une durée alpha à tel endroit, et pour lequel je ne vous poserai pas de questions précise, afin de connaître votre expérience de tel ou tel domaine.
Communiquer dans ce cadre, c’est signer un contrat (informel) de reconnaissance de ces termes, ces caractéristiques qui définissent la situation permet de ne pas confondre le vrai journal d’un faux journal, un discours politique d’un slogan publicitaire ou d’un speech humoristique, une dispute publique d’une scène conjugale…
Poser les enjeux dans un cadre permet aussi de faire évoluer ces enjeux. En effet, le contrat de communication peut être renégocié et renégociable.
[bulle]vous ne me demandez pas si j’ai de la fièvre ? Vous avez de la fièvre ? Non docteur, absolument pas ![/bulle]
321 L’altérité
[bulle] Bonjour Bonjour ça va oui tu me demande pas comment ça va ? Non pourquoi ? Ça ne m’intéresse pas. [/bulle]
C’est se reconnaître des compétences, les uns les autres, semblables, mais aussi différentes dans la situation, qui vont aussi servir à pouvoir se légitimer dans la communication.
322 Le principe de pertinence
C’est répondre à la question je suis là pour parler de quoi ?
[bulle] Votre bandage pneumatique de roue constitué d’une carcasse en textile et fils d’acier recouverte de caoutchouc a éclaté sous l’effet d’une tension excessive [/bulle]
Sans référence commune permettant la communication, on fait appel à des stéréotypes, des stigmates : on ne peut pas exprimer (autrement) cette différence, pour se considérer comme des interlocuteurs potentiels, il faut un minimum de références communes. (par exemple, ne pas parler la même langue, avoir des expressions différentes : J’ai quitté mon boulot, c’était le dernier brin de paille sur le dos du chameau! Vous comprendrez sûrement, mais mettrez plus de temps que si l’on vous disait, c’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! – il s’agit ici d’une expression traduite littéralement de l’anglais)
323 Principe d’influence
[bulle]je lui ai dit que l’amour donne des ailes et alors ? il a sauté[/bulle]
Comment parler ? Comment convaincre, faire réagir, orienter la pensée, séduire, émouvoir?
324 Question de régulation
Comment faire à distance pour que l’échange puise se poursuivre ? on peut faire appel à des reformulations, des questions, des stratégies de gestion de tour de parole, des preuves d’acceptation de la parole d’autrui, la valorisation du partenaire. Une coopération minimale est requise pour reconnaître l’intension de celui qui parle, son désir de produire un effet.
La renégociation du contrat initial de communication nécessite de penser la communication comme la co-construction d’une référence. Communiquer n’est pas reproduire la réalité, mais la créer, la construire dans l’échange. « L’homme communicant est co-constructeur de la réalité et non son miroir réfléchissant » (du livre l’homme communicant de ???) Dans l’interlocution, les partenaires vont devoir négocier, se mettre d’accord sur un monde commun de références (possibles) qui permettra cette communication. Ils co-construisent cette référence. Par exemple, la crise du cpe a rapproché étudiants et salariés qui se sont retrouvés autour de la défense d’un CDI, contre la précarité professionnelle.
Pour conclure, avec ce type d’approche on s’est éloigné de la vision techniciste ou interactionniste de la communication. On ne parle plus d’interactants, mais d’interlocuteurs (personnes avec qui ont peut entamer une discussion), et elle acquiert une dimension universelle, mais aussi conflictuelle.
33 Rôle de la perception d’autrui dans la communication
331 Rôle des formations imaginaires dans la perception d’autrui. Il en existe trois type :
3311 les représentations réciproques des interlocuteurs
Ie(E) image que l’émetteur se fait du récepteur (question implicite dont la réponse sous tend la formation imaginaire : Qui est il pour que je lui parle ainsi ?)
Ie(R) image que se fait l’émetteur de lui-même (Qui suis-je pour lui parler ainsi ?)
Ir(R) image que se fait le récepteur de lui-même (Qui suis-je pour qu’il me parle ainsi ?)
Ir(E) image que se fait le récepteur de l’émetteur (Qui suis-je pour lui parler ainsi ?)
3312 les représentations de l’objet de la communication (référent)
Ie(O) image que se fait l’émetteur du référent (De quoi est ce que je lui parle ainsi ?)
Ir(O) image que se fait le récepteur du référent (De quoi est ce qu’il me parle ainsi ?)
3313 Les représentations réciproques anticipées
Ie(Ir(R)) Quelle image se fait l’émetteur de l’image que se fait le récepteur de lui-même (Comment pour l’émetteur, le récepteur se perçoit il ?)
Ie(Ir(E)) Quelle image se fait l’émetteur de l’image que se fait le récepteur de l’émetteur (Comment l’émetteur se perçoit il perçu ?)
Ie(Ir(O)) Quelle image se fait l’émetteur de l’image que se fait le récepteur du référent (Quel intention lui prête-t-il ?)
Ce processus de perception d’autrui, comment est il construit ?
Incertitude initiale (évènement, personne ou situation inconnue) mise en alerte recherche de réduction de l’incertitude psychologique, processus de schématisation et catégorisation processus d’attribution, activation des préjugés et stéréotypes sociaux orientation de l’action sanction et résultat de l’action
Pour prendre l’exemple d’un français qui a été arrêté aux états unis comme terroriste à tort :
L’affaire Franck Moullet : l’homme est un frenchie aux cheveux longs a bord d’un avion à destination des états unis. Il est perçu dans une incertitude initiale par l’hôtesse qui ne le connaît évidemment pas. Celle ci, mise en alerte par son aspect physique, enclenche un processus de réduction de l’incertitude psychologique par la catégorisation et la schématisation. Un frenchie aux cheveux long, c’est quelqu’un qui est anti-usa.
L’homme en question va aux toilettes, et prend son temps, ce qui alerte l’hôtesse. En sortant, il déclare que « sa merde ne vas pas exploser ». Par un processus d’attribution lié à l’activation de préjugés et de stéréotypes sociaux, l’hôtesse comprend de travers son propos, le déformant en « merde ça va exploser ». Ceci oriente son action : elle alerte la sécurité. La sanction et le résultat de l’action sont trois semaines de prison pour le touriste, en compagnie de vrais terroristes.
Nous pensons et percevons le social, nous percevons autrui en simplifiant les informations à notre disposition : nous connaissons la réalité sociale à travers des schématisations, aidés par les stéréotypes, et la catégorisation qui servent à construire une idée économique et cohérente de l’autre, qui va nous servir à anticiper les réactions de l’autre, voire les contrôler: il s’agit de mécanismes sociocognitif.
Face à une incertitude initiale, la mise en alerte pose la question de comment se comporter face à cette situation ou personne nouvelle. par exemple, dans le cadre d’un entretient d’embauche, quelle stratégie de présentation de soi mettre en place? Quel comportement adopter sachant qu’on ne sait rien de son interlocuteur? On recherche alors à réduire l’incertitude psychologique par catégorisation, recherche d’indices plus ou moins de façon inconsciente permettant de ranger la personne ou situation dans une classe, sur la base d’un seul indice (mouvement, communication non verbale, apparence etc.) Puis les processus d’attribution entrent en jeu pour attribuer à l’individu les caractéristiques de toute personne de cette catégorie. ; ceci permet de mieux prévoir ses réactions; par exemple, si un DRH est qualifié de conformiste, on pensera qu’il valorise plus les diplômes et on les mettre en conséquence en avant, on pourra assumer qu’il valorise la discipline, la hiérarchie; alors que s’il a l’air novateur, on appuiera plus ses expériences.
A ce niveau, soit l’interlocuteur ne perçoit que ce qui va avec cette image, au risque de s’enfermer dans une représentation décalée, soit il arrive à l’ajuster et a davantage de chances de voir la communication changer. Certains malentendus de la communication peuvent disparaître si l’ouverture à la communication sur les différences est suffisante.
34 Effets de la perception d’autrui
Les effets de la perception d’autrui peut mettre en jeu l’utilisation volontaire ou pas de certains indices (uniformes, armée etc.) Au delà d’identification immédiate, le feedback a un rôle important dans la correction permanente et la transformation de la communication à travers les ajustements des attentes. Les effets des attentes source d’inhibition, et d’obstacles introduit des biais non maîtrisés et gênant la communication.
Par exemple, le rôle de l’enquêteur (son apparence) dans les sondages d’opinion est étudié depuis un bon moment. Prenons un exemple sur la participation des femmes à la vie politique. La perception de la parité en politique par les électeurs et électrices est exprimée de façon très différente selon que l’enquêteur est homme ou femme. En posant la même question, « Etes vous pour ou contre l’instauration du système paritaire dans la constitution des listes électorales dans les partis politiques? » le résultat est de 26% pour, 40%contre et 34% S.O (sans opinion) dans le cas où c’est un homme qui pose la question. Au contraire, s’il s’agit d’une femme, les réponses sont de 55%pour, 20%contre et 25% S.O. Autrement dit, on est plus facilement pour si une femme pose la question et plus facilement contre s’il s’agit d’un homme. On remarque ici le rôle de l’anticipation de la réponse socialement attendue. L’apparence de l’enquêteur crée des attentes d’attentes chez l’enquêteur, ou du moins, le répondant a une idée de la réponse la plus valorisée t on a affaire à un biais de désirabilité sociale.
Un autre exemple probant est l’effet Pygmalion : la réalisation des prophéties (lire le livre Pygmalion à l’école). L’opinion du maître influence les résultats scolaires de l’élève car cette opinion détermine le style de communication pédagogique privilégiée par le maître et cette opinion finit par être intériorisée par l’élève. Une image positive un préjugé favorable de l’enseignant envers l’élève accélère la vitesse des apprentissages de cet élève.
L’équipe de chercheurs dans cet exemple a fait passer un test de QI aux élèves d’une classe (que le maître ne connaissait pas encore) et a déclaré à l’enseignant qu’il s’agissait d’un test prédictif, pour dire si les élèves allaient être de bon démarreurs ou des élèves normaux pour cette année scolaire. La moitié d’entre eux ont été déclarés comme tel au hasard, indépendamment de leur résultats. Ils ont refait passer un test à ces élèves après 6 moins, 6 mois plus tard encore, et un au bout de deux ans. On note que parmi les élèves désignés comme bons démarreurs, 47% on vu leur QI augmenter de 20 points ou plus contre 19% parmi les autres.
Cet effet Pygmalion est d’autant plus marqué dans les petites classes et concernant les enfants mexicains (pour l’étude réalisée au sud des USA). Les enseignants ont bien sur affirmé ne pas avoir agi différemment pour les deux groupes d’enfants, mais la communication des attentes par le jeu inconscient se fait par le langage non verbal (ton, posture, regards etc.)
La classe sociale, l’origine culturelle peut donc jouer un rôle important et les résultats sont fonction des préjugés personnels de l’enseignant, ses sympathies ou antipathies avec certains élèves, mais surtout fonction des stéréotypes sociaux qu’ils partagent plus ou moins avec les autres enseignants. Par exemple, les enfants mexicains sont mauvais, les filles sont meilleures en langues qu’en math… Les élèves finissent eux même par intérioriser cette image positive ou négative de soi conforme à la nature des préjugés de l’enseignant. Cette étude a néanmoins de nombreuses limites: tout ne se passe pas dans la relation enseignant élève et la réaction des élèves à la conduite de l’enseignant peut être différente face à des préjugés similaires. Les effets de cette discrimination sur le long terme conditionnent par exemple les filières d’enseignement choisies ou de relégation, mais la famille et les différents milieux extra scolaires jouent beaucoup aussi.